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En Allemagne, le futur label bien-être animal en bovins inquiète

Le ministère fédéral de l’Agriculture veut mener de front le lancement du label bœuf et l’extension à la restauration du label porc

Les professionnels réclament d’abord un ajustement du label appliqué à la filière porcine qui sert de modèle.

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C’est le nouveau sujet de controverse au sein de l’élevage allemand. Début octobre, le ministère fédéral de l’Agriculture a présenté une version provisoire du projet d’extension à la filière bovine du label gouvernemental de bien-être animal. Il est aujourd’hui appliqué à l’élevage porcin. Comme son modèle, il doit comprendre cinq catégories, de l’élevage intensif au bio, selon la place et le confort offert aux animaux. Berlin dit avoir repris les résultats de travaux ayant associé une multitude d’acteurs. Pourtant l’initiative est criblée de critiques, aussi bien de la part des agriculteurs que des défenseurs des animaux.

« Avant d’étendre cette loi à la filière bovine il faut remédier aux maladies infantiles de ce dispositif », réclament toute une série d’organisations, dont le principal syndicat agricole DBV. L’un des principaux points d’achoppement est l’application non uniforme du texte selon les Länder, en première ligne sur les sujets agricoles. « Les critères pour les catégories 3 et 4 dans le sud de l’Allemagne ne sont pas comparables avec celles dans le nord du pays. Chaque Land fait sa petite cuisine », déplore Heiko Hofmann, de la fédération des éleveurs porcins et bovins (BRS). À ses yeux, la volonté politique fait défaut pour corriger le tir, malgré les déclarations du ministre fédéral Cem Özdemir.

Des critères « démesurés »

Le ministère fédéral de l’Agriculture veut mener de front le lancement du label bœuf et l’extension à la restauration du label porc, ce qui promet des difficultés pour les deux filières. Le label porc ne couvre pour l’instant que la distribution de viande fraîche.

Du point de vue des professionnels, qui craignent une lourde charge bureaucratique, le découpage et les critères proposés pour les bovins ne sont pas adaptés au terrain. En catégorie 2 (étable avec place), chaque bovin de moins de 400 kg doit disposer de 3,5 m2. Il faut 4,5 m2 entre 400 kg et 600 kg, 5,5 m2 au-delà. « Les critères de place sont démesurés. Le dispositif est muet sur les veaux et on essaye de faire entrer dans la même catégorie des critères pour l’élevage laitier et la filière viande », souligne Heiko Hofmann. La branche s’interroge aussi sur l’impact de l’automatisation (traite et alimentation) sur le classement.

Pas d’exigence minimale

Pire, producteurs et défenseurs de la cause animale pointent de concert – cette convergence est assez rare pour être signalée — une faiblesse structurelle du label bien-être pour les bovins. « Comment un label pourra-t-il se distinguer ou s’orienter au minimum légal si celui-ci n’existe pas ? Les produits de la catégorie étable (la plus faible, N.D.L.R.) proviendront d’étables pour qui il n’existe aucune exigence minimale requise », s’étonne Thomas Schröder, chef de file de la Fédération allemande de protection des animaux.

Dans ces conditions, la filière bovine s’inquiète pour les éleveurs qui ont déjà investi pour participer aux programmes bien-être animal financés par la grande distribution.

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